Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La rivière de Platy
Derniers commentaires
Archives
23 mai 2010

journée mondiale contre l'homophobie 2010

Dans le cadre de la journée de lutte contre l'homophobie et la transphobie dont le thème était cette année (ainsi que l'an prochain) "L'homophobie et les religions", un collectif d'associations (APGL, Contact Rhône et David&Jonathan) a projeté lundi 17 mai, au cinéma le Zola de Villeurbanne, le téléfilm Prayers for Bobby, avec Sigourney Weaver. Cette projection fut suivie par un débat entre le public et des représentants religieux.

PFB

Le téléfilm est dans la grande lignée des histoires vraies racontées à la sauce hollywoodienne mais il est somme toute de bonne facture avec de bons acteurs (mais une moins bonne réalisation). Prayers for Bobby raconte l'histoire vraie de la famille Griffith et de la pression religieuse exercée la mère, Mary, sur son fils Bobby à cause de son homosexualité. L'homophobie ainsi intériorisée l'ayant conduit au suicide à l'âge de 20 ans. Après cette mort violente, Mary remettra en question sa foi et deviendra une militante de la cause homosexuelle en Californie et interviendra même au Sénat américain.
Ce qui m'aurait intéressé n'était que peu présent dans le film, à savoir la prise de conscience de ce que Mary a pu imposer à son fils comme horreurs (en vrac : l'homosexualité est un péché dont on peut guérir par la foi et une bonne hygiène de vie, fais donc du sport ! ; une bonne psychothérapie, avec électrochocs peut-être ? ; l'histoire se passe entre 1979 et 1982 au moment de la découverte du VIH/SIDA, elle envoie à son fils en guise de cadeau d'anniversaire une brochure intitulée "Le SIDA, la colère de Dieu" ; puisque tu ne veux pas changer alors je n'ai plus de fils). Le téléfilm met l'accent sur la responsabilité écrasante de la mère -- le reste de la famille semblant s'être assez bien accommodé de l'orientation sexuelle de Bobby --, mais passe beaucoup trop vite sur le poids de la culpabilité de la mère ainsi que sur sa prise de conscience dans sa responsabilité ayant mené au suicide de son fils. En moins de dix minutes, Mary Griffith passe du statut de bourreau à celui d'héroïne, dans la plus pure tradition hollywoodienne de la conversion des méchants en gentils qui font tout et feront toujours tout pour racheter leurs fautes.

Cette séance s'est poursuivie par un débat entre le public et une représentante du culte réformé (Calvinistes), un prêtre de l'Église Catholique et une représentante laïque du mouvement des Juifs libéraux de France. Le représentant du culte musulman, qui avait pourtant accepté de venir, a quant à lui brillé par son absence. (Peut-être que le représentant du culte catholique aurait-il du en faire autant ?) L'animatrice du débat posa deux questions aux intervenants, le public n'ayant pu se joindre au débat qu'à l'aide de Post-It pour pouvoir poser ses questions. C'était était assez peu pratique mais cela a (presque) évité les interruptions intempestives.
Les questions étaient très précises et les réponses ont différées d'un culte à l'autre, mais je vous laisse seules juges.

La première question était : Si un jeune homme ou une jeune femme vient vous voir et vous dit qu'il/elle est homosexuel/le, que faites-vous ?
La pasteur (est-ce que le mot se féminise ?) a parlé de son expérience personnelle et annonce qu'elle dit simplement que "Dieu s'est fait homme pour nous dire combien il nous aime" et que Jésus s'est d'abord adressé à ceux en souffrance (ou aux exclus de la société ? Il faudrait que je l'entende sur ce point.) Finalement pour elle, il s'agit plus d'accompagner les familles, les homosexuel/les finissant toujours par trouver leur place dans la communauté.
L'intervenante laïque des juifs libéraux de Lyon, qui n'est donc pas rabbin, signale qu'ils n'ont aucun problème d'accueil des homosexuel/les.
Le prêtre catholique s'est contenté de reprendre des phrases du film en guise de témoignages de ce qu'il aurait entendu durant son ministère. Il s'oppose à la vision dualiste du pur/impur et nous promet que nous sommes tous des enfants de Dieu. Lorsqu'un Post-It du public lui rappelle qu'il n'a pas répondu à la question, il se contente de dire que l'homosexualité n'est pas une faute ou un péché, mais qu'il faut l'assumer. (Et débrouille-toi avec ça.)

Une première série de questions du public fut posée. L'une d'entre-elles était "Comment les églises vont-elles dépasser la question du péché d'homosexualité ?"
Le prêtre s'est précipité pour répondre et a dit que c'était toute la question de l'humain. "L'Église est un endroit où la grâce de Dieu se renouvelle", que le péché est différent de la faute morale, elle-même différente de la culpabilité. Et de citer la parabole du fils prodigue et celle du Pharisien et du Publicain (Luc 18:10-14).
La pasteur nous dit que le péché est une question de positionnement envers Dieu et qu'une même action peut être interprétée ou non comme un péché selon les circonstances. Il faut donc se poser la question de savoir en quel dieu l'on croit et quelle est notre relation avec lui.
La représentante des Juifs libéraux opte pour la même posture que la pasteur en soulignant que l'immobilisme [religieux] est mortifère.
Une autre question était directement adressée au prêtre et portait sur l'impossibilité faite aux homosexuels d'entrer au séminaire depuis quelques années. L'animatrice fait un aparté et signale que dans le catéchisme il y a un appel à la discrimination des homosexuels bien que cela soit interdit par la loi française. La réponse du prêtre est que si personne n'est responsable de ses tendances mais nous sommes tous responsables de la manière dont nous les gérons. Il n'accepte pas l'homosexualité mais rejette l'homophobie (Oui, je sais... Écholalie vaticane dans toute sa splendeur.) Il précise à cette occasion qu'il est contre le kiss-in du lendemain devant la cathédrale Saint-Jean. Quelqu'un insiste pour avoir enfin une réponse décente mais la réponse porte sur le fait que le célibat est la question prioritaire dans la vie des prêtres. Il consent tout de même à dire que la discrimination est importante [envers les homosexuels], "si vous voulez l'entendre" (sic).
Cette question de l'exercice d'un ou une homosexuel/le comme officiant/e chez les protestants et les juifs libéraux est également débattue.
Dans l'Église réformée chaque pays est autonome et "la réponse est hypocrite", annonce haut et fort la pasteur. "On se refuse à se poser la question pour éviter d'y répondre" (sic). Elle fait état de certaines pressions concernant les homosexuels visant plus à les décourager. "La question est que [le/la pasteur homosexuel/le] doit trouver une paroisse". Elle précise que le même discours était tenu vis-à-vis de la nomination de femmes pasteurs il n'y a pas si longtemps. Elles devaient être célibataires contrairement à leurs homologues masculins et ne pouvaient pas exercer tous les aspects du ministère.
Chez les juifs réformés, la même hypocrisie perdure puisque les rabbins doivent obligatoirement se marier et avoir des enfants.

Des membres de David et Jonathan et de l'APGL rappellent "que le silence peut tuer (Silence = Mort)" et les propos de Mgr Bertone (le numéro 2 du Vatican) qui amalgamait homosexualité et pédophilie. Ils expriment le malaise ressentit face à ses déclarations et surtout face à l'absence de contre-déclaration de la part d'autres personnalités religieuses. Le prêtre assure que Mgr Barbarin (Le Primat des Gaules) peut répondre à de telles déclarations (L'a-t-il fait ? Rien n'est moins sûr.)

Nous passons alors à la deuxième question posée par l'animatrice et qui porte sur "la violence homophobe qui instrumentalise la religion. Que pensez-vous pouvoir faire pour lutter contre la manipulation de la religion ?" Avec peut-être une mise en place de réseaux vis-à-vis des catéchistes, des parents, des parrains et des marraines... "afin de lutter contre l'homophobie institutionnalisée" ?
Pour la pasteur, revenant quelques instants sur ce qui s'est dit auparavant, les protestants n'ont pas la puissance médiatique des catholiques et leurs propos plus nuancés sont rarement relayés par les médias car ils ne sont pas assez "chocs". Pour l'Église réformée, l'Église est là pour guider les personnes individuellement et non de manière collective. Elle est parfaitement consciente que ce qu'elle fera dans sa communauté restera confidentiel "car nous sommes peu nombreux".
Le père est lui d'accord avec l'idée des adultes-relais. Il annonce, revenant lui aussi à une question précédente, qu'il n'est pas d'accord avec les propos de Mgr Bertone.
La représentante des juifs libéraux est aussi d'accord avec l'idée d'adultes-relai.

Puis nous passons à la question brûlante du fait de l'actualité : quelle est la position des intervenants quant au kiss-in organisé le lendemain devant la cathédrale Saint-Jean. Une des deux femmes (je n'ai pas vu laquelle) demande ce qu'est un kiss-in et il est fait mention des menaces proférées par des extrémistes catholiques.
Pour le père, la cathédrale n'est pas un lieu neutre. Il rappelle son opposition à la manifestation, mais il n'est pas non plus d'accord avec les intégristes car il ne considère pas que l'Église soit attaquée par ce kiss-in.
Pour la pasteur "tout le monde s'en fout qu'on s'embrasse devant le temple, y compris les protestants." (sic)
Pour la représentante des juifs libéraux : "Personne ne sait où nous sommes situés !" Mais cela ne lui poserait aucun problème.

Le débat prend ainsi fin, mais avant de partir finir les discussions autour du pot de l'amitié, un responsable de la nouvelle antenne à Lyon de l'association Le Refuge (association d'aide aux jeunes homosexuel/les chassé/es de chez eux par leurs parents du fait de leur homosexualité) prend la parole. Il précise qu'environ 90% des jeunes dont l'association s'occupe sont issus de familles de croyants et que l'année dernière à Montpellier (siège de l'association), l'association a dû répondre à 1 500 demandes d'écoute et de médiation entre les jeunes et leurs parents. Une soirée de soutien au Refuge se fera le 6 juin au Pink's Club, rue de l'Arbre Sec de 23h à 5h.
L'association Le Refuge viendra se présenter de manière plus précise le 7 juin prochain en ce même lieu (le cinéma Le Zola de Villeurbanne) et projètera des films documentaires à cette occasion.

Le débat aurait été plus passionnant si tous les intervenants avaient eu quelque chose à dire, la tension, le malaise et l'exaspération (dont la mienne) face aux silences et à l'hypocrisie de certain représentant religieux étaient palpables. L'espoir que les choses puissent évoluer demeure, mais à quel prix et à quelle vitesse ?

Le kiss-in a eu lieu depuis une semaine, et l'archevêque n'a toujours rien dit quant aux saluts nazis effectués au nom de la "défense du catholicisme". Le Maire de Lyon non plus.

Vous lirez la Pastorale à l'égard des personnes homosexuelles de la Congrégation pour la doctrine de le foi pour une meilleure compréhension du discours officiel de l'Église catholique romaine.

Publicité
Commentaires
P
sauf le prêtre : tout le monde avait soit envie de lui donner des baffes, soit envie de lui hurler "assez d'hypocrisie !" D'un autre côté, le représentant du culte musulman a sorti l'excuse diplomatique pour ne pas venir :( Lequel des deux est le pire ?<br /> <br /> Si on fait le prochain kiss-in devant le grand temple et que cela se passe bien, les représentants catholiques ne risquent-ils pas de crier à la provocation anti-catholique du côté des protestants ? (*sourire sardonique*) Et devant une mosquée ? nos "amis" les pseudo-ultra-catholiques se joindront-ils à nous ou du côté des pseudo-ultra-musulmans ? Sont-ils encore plus islamophobes qu'homophobes ?<br /> L'an prochain, le thème de "homophobie et religions" sera toujours d'actualité puiqu'il est choisi pour 2 ans.
E
Je ne connaissais pas ce téléfilm mais l'histoire a l'air intéressante.<br /> <br /> Le débat me parait être plutôt intéressant, bien que sans surprise du côté catholique...<br /> La pasteur a l'air vraiment ouverte et sans langue de bois !!! <br /> <br /> Pour cette histoire d'interdire aux homosexuels d'entrer au séminaire, je trouve ça complètement stupide... le séminaire a pour but de former des prêtres, qui font veux de chasteté, donc leur sexualité ne devrait pas rentrer en ligne de compte... <br /> <br /> Rien de bien étonnant concernant les catholiques malheureusement... je pense qu'on ne verra pas de profonds changements dans L'Eglise de notre vivant... :s<br /> <br /> En tout cas ce genre de débat est vraiment intéressant. Surtout entendre le point de vue de religions que l'on ne connait pas forcément bien... (en tant que catholique, je ne connaissais pas que les opinions des protestants)<br /> <br /> J'ai vraiment troué cet article super intéressant !! Et y'a matière a réflexion !! Merci d'avoir fait un résumé aussi détaillé de ce débat.
E
Je ne connaissais pas ce téléfilm mais l'histoire a l'air intéressante.<br /> <br /> Le débat me parait être plutôt intéressant, bien que sans surprise du côté catholique...<br /> La pasteur a l'air vraiment ouverte et sans langue de bois !!! <br /> <br /> Pour cette histoire d'interdire aux homosexuels d'entrer au séminaire, je trouve ça complètement stupide... le séminaire a pour but de former des prêtres, qui font veux de chasteté, donc leur sexualité ne devrait pas rentrer en ligne de compte... <br /> <br /> Rien de bien étonnant concernant les catholiques malheureusement... je pense qu'on ne verra pas de profonds changements dans L'Eglise de notre vivant... :s<br /> <br /> En tout cas ce genre de débat est vraiment intéressant. Surtout entendre le point de vue de religions que l'on ne connait pas forcément bien... (en tant que catholique, je ne connaissais pas que les opinions des protestants)<br /> <br /> J'ai vraiment troué cet article super intéressant !! Et y'a matière a réflexion !! Merci d'avoir fait un résumé aussi détaillé de ce débat.
Publicité